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Arthur Merlin et les chevaliers autour de la Table ronde
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Arthur et les chevaliers de la table ronde

 

Qui n'a jamais entendu parler des mythiques personnages de la légende arthurienne ? Arthur, Lancelot, Perceval, Merlin, Galaad... Tant de noms désormais familiers qui fondent les récits du cycle arthurien. Et au même titre, les chevaliers de la table ronde se sont popularisés au fil des siècles, jusqu'à devenir l'icône de chevalerie qu'ils sont aujourd'hui. Mais comment le sont-ils devenus ? Qui sont-ils ? Quel est ce Graal qu'ils doivent à tout prix rapporter au royaume ?

 

 

Pour résumer cet article aux plus jeunes :

  • Les chevaliers de la table ronde épaulent Arthur, maintiennent la paix du royaume et recherchent le Graal, leur nombre varie selon les récits

  • Ils incarnent des valeurs anachroniques pour le VIème siècle qui correspondent au mœurs des moines ayant rédigé les romans : l'importance des exploits physiques et des valeurs morales

  • Première mention en 1150 dans le roman de Wace

  • Chrétien de Troyes est le premier à avoir développé les exploits des membres de la confrérie

  • C'est à partir de Robert de Boron que ces histoires deviennent plus reliées au christianisme

Dans le folklore celtique, il y a un héros dont le simple prénom rappelle de nombreux exploits. Propriétaire d'Excalibur, souverain fédérateur de tous les Bretons, le roi Arthur est une figure mythique qui a su traverser les siècles et les frontières. Si les traces historiques contemporaines tendent à manquer, c'est au XIIème siècle que son histoire est, pour la première fois, couchée à l'écrit par Geoffroy de Monmouth. C'est son texte qui servira de base à tous les suivants, dont Chrétien de Troyes qui a donné du corps aux multiples intrigues secondaires que nous connaissons aujourd'hui. De conte mythologique à référence littéraire du XXIème siècle, en passant par un exemple des valeurs de chevalerie, la légende du roi Arthur et de ses fameux chevaliers est désormais aussi célèbre qu'incontournable.

Arthur et les chevaliers de la Table Ronde avec leur épée autour de la Table dans le spectacle l'Epée du roi Arthur

La table ronde et ses chevaliers

C'est en 1155 que la table ronde est mentionnée pour la première fois par Wace, un poète normand du XIIème siècle. Il la décrit comme un meuble tout à fait banal : une table circulaire, que l'on retrouve à Camelot, auprès du roi et de sa cour.

Illustration des chevalier autour de la Table ronde

Quel est le but de la Table Ronde ?

Toujours selon le poète, cette table a été commanditée par Arthur afin qu'il puisse réunir ses meilleurs chevaliers. Par sa forme, sans doute atypique pour l'époque, il en a fait un symbole de paix et d'égalité, qui permettait qu'aucune place ne soit meilleure qu'une autre et que personne ne soit laissé à l'écart. Loin d'être uniquement le fruit de l'imaginaire de Wace, cet objet, désormais emblématique de la légende arthurienne, serait inspiré de certains mythes du folklore celtique.

Si, au XIIème siècle, on attribue sa construction à Arthur, c'est à partir des années 1200 qu'elle devient la création de Merlin l'enchanteur, en cadeau pour Uther. Dans ces textes, écrits a posteriori de ceux de Wace, elle devient une représentation symbolique du monde. Et c'est à partir des écrits de Robert de Boron qu'elle sera un moyen de relier la légende du roi Arthur au christianisme.

La mission des chevaliers de la table ronde

Mais pourquoi Arthur a-t-il décidé de réunir ses hommes autour d'une table ? Certes, sa forme sphérique lui permet de maintenir la paix et d'éviter l'exclusion, mais n'avait-il pas un but plus... chevaleresque ? En réalité, si. Si l'on rassemble les histoires et récits à leur sujet, les chevaliers de la table ronde ont 4 missions principales :

  • Lutter contre les félonies et les traitrises

  • Garantir la paix et la prospérité

  • Rapporter le Graal afin d'offrir au royaume un symbole d'immortalité

  • Epauler Arthur dans ses guerres et conquêtes, notamment pour repousser les peuples germaniques venus de Saxe

D'après Chrétien de Troyes, qui reste la référence dans le panorama de la littérature française, ils sont en quête d'un idéal. Dans les nombreux récits de leurs aventures, ils recherchent la perfection ou l'amour parfait et luttent contre des créatures surnaturelles du folklore celtique. On peut par exemple citer Yvain, le chevalier au lion, qui réalise des exploits chevaleresques pour reconquérir le cœur de Laudine.

les chevaliers de la Table ronde pointant leur épées les unes vers les autres et créant une flamme dans l'Epée du Roi Arthur

La légende des chevaliers de la table ronde

Bien que Wace soit le premier a avoir immortalisé l'idée d'une table ronde, c'est Chrétien de Troyes qui étoffe la légende des chevaliers dès son roman "Erec de Enide". Au fil de ses ouvrages, de plus en plus de personnages "secondaires" sont introduits et développent leur propre intrigue. Il en fait des héros, appartenant à un ordre légendaire au service du roi Arthur.

Chevalier avec son épée lors du spectacle l'Epée du roi Arthur

L'incarnation des valeurs de chevalerie

Pour assurer la prospérité du royaume et trouver le Graal, les chevaliers de la table ronde mettent au défi leur foi et leur vertu. Cette volonté de Chrétien de Troyes fait d'eux un idéal chevaleresque : ils jurent un amour éternel à leur promise, ils combattent des ennemis surnaturels et secondent Arthur pour le bien du royaume.

 

Des aventures pour gagner sa place auprès du roi

Qui peut siéger autour de cette fameuse table ? Le roi Arthur ne réunit pas n'importe qui. Il sélectionne les chevaliers les plus vaillants. C'est également pour ça que ses hommes recherchent toujours plus d'aventures : il faut se valoriser pour avoir l'honneur d'être choisi par son souverain. En plus d'être un ordre honorifique, la table ronde est un lieu où on raconte ses exploits et où on peut démontrer les deux qualités qui fondent la chevalerie :

  • Les qualités physiques : cela va bien au-delà de la simple forme physique, un chevalier se doit de réaliser des prouesses, généralement altruistes, requérant du courage et démontrant sa valeur par des faits d'armes prodigieux

  • Les qualités morales : en plus d'être un excellent soldat qui ne recule jamais devant le danger, un bon chevalier répond à un code moral précis, basé sur l'honneur, la fidélité, la bonté et la pureté

Des valeurs anachroniques

Mais un chevalier de la cour du roi Arthur est-il vraiment un symbole de vertu ? Ces codes moraux, clairement influencés par la société féodale moyenâgeuse, sont très anachroniques par rapport aux mœurs des sociétés du VIème siècle. Si le souverain du royaume de Logres et sa cour ont réellement existé, ils n'avaient pas ces valeurs physiques et morales, pourtant si importantes pour les hommes de la légende arthurienne.

Lorsque Wace rédige son "Roman de Brut" en 1155, la chevalerie est au cœur de la société féodale. L'esprit de caste rejoint le mérite personnel où, pour être digne de son rang, on doit faire valoir ses préceptes moraux et ses faits d'armes. Cette préoccupation qu'ont les chevaliers de la table ronde prouve l'impact du cadre contemporain des auteurs qui font passer des messages de leur époque au sein de leurs textes.

Quelle est la place du roi Arthur ?

Bien plus qu'un souverain, il est le héros du cycle arthurien. Les mythes, pourtant si connus, de Tristan et Iseult, Lancelot du Lac ou encore de Perceval le Gallois sont des intrigues secondaires à la véritable épopée qui attend le détenteur d'Excalibur. Lorsque l'élu des dieux commande la table ronde, il conçoit l'artéfact idéal. Celui qui lui permettra d'attirer l'élite des chevaliers, qui voudront lui prouver leur valeur, sans faire de hiérarchie entre eux.

C'est le moine Layamon qui prête à Arthur des intentions plus égoïstes que la volonté d'assurer l'égalité. Selon lui, il aurait fait faire la table ronde pour éviter que ses hommes ne se déchirent pour prouver qui est le meilleur. Une théorie qui apporte une certaine faillibilité aux guerriers de l'ordre légendaire.

Plonger dans la légende du roi Arthur

Arthur Merlin et les chevaliers de la Table Ronde autour de la Table

Quels sont les noms des 12 principaux chevaliers de la Table ronde ?

  • Lancelot du Lac : sans conteste le plus connu de tous, il est également réputé comme le meilleur de la confrérie. Pourtant, c'est également celui qui a causé sa chute...

  • Perceval le Gallois : Jeune homme naïf, mais valeureux qui est promis à un destin grandiose.

  • Galaad : Fils de Lancelot, c'est celui qui est parvenu à s'asseoir sur le siège périlleux et qui a réussi la quête du Graal.

  • Bohort : Cousin de Lancelot et chevalier fidèle de Camelot.

  • Yvain : Chevalier accompagné d'un lion qui s'est illustré par de nombreux faits d'armes pour conquérir le cœur de sa belle.

  • Gauvain : Neveu d'Arthur, tué par Lancelot dans certaines versions.

  • Tristan : Parmi les plus illustres, amoureux d'Iseult, princesse d'Irlande.

  • Caradoc : Fait partie des premiers chevaliers développés par Chrétien de Troyes.

  • Loth : Roi de Lothian, père de Gauvain.

  • Mordred : Fils incestueux (ou neveu) d'Arthur, qui a causé sa mort.

  • Keu : Proche d'Arthur, frère adoptif dans certaines versions.

  • Bedivere : Un des premiers et plus proche conseillers du souverain, c'est celui qui rend Excalibur à la dame du lac.

Bien que ceux-ci soient les plus cités, le nombre de chevaliers à la cour de Camelot est extrêmement variable. On passe de 30, dans les premiers livres, à plus de 1600. Chrétien de Troyes est le premier à lister les chevaliers de la table ronde. Au fur et à mesure que ses romans se multiplient, les histoires de ces personnages sont développées et certains, tels que Perceval, n'apparaissent que tardivement.

Des récits rattachés aux évangiles

Au fur et à mesure que les écrits prêtent aux héros du cycle arthurien de nouvelles aspirations et des valeurs de plus en plus fortes, leur lien avec la religion chrétienne prend également de l'ampleur. Même si les moines écrivent des mythes se déroulant durant une période préchrétienne ou de christianisation, ils y intègrent des éléments qu'ils relient à la religion prédominante de leur époque.

Un écrivain se détache des autres : Robert de Boron. On considère que c'est à partir de ses écrits que la légende arthurienne s'est ouvertement reliée aux valeurs chrétiennes.

Merlin et les chevaliers de la Table ronde autour de la Table

Le symbolisme de la table ronde

Pour Robert de Boron, la fameuse table ronde n'est pas commanditée par Arthur. C'est une création de l'enchanteur Merlin pour le roi Uther Pendragon. Un cadeau inspiré de la Cène, le dernier repas de Jésus et de ses apôtres. Lorsque le père d'Arthur décède, c'est Léodagan, roi de Carmélide, qui la récupère, avant de l'offrir en dot à Arthur lorsqu'il épouse Guenièvre. Dans cette version, on compte pas moins de 150 chevaliers, dévoués à leur roi, mais également à Dieu. C'est ce qui explique l'importance grandissante de la quête du Graal. Ce n'est plus seulement un artéfact à retrouver, mais un succès bien plus glorifiant qui permettrait au chevalier qui le retrouve d'obtenir une place encore plus importante auprès de son roi.

Une place symbolique, mais pas que. Le "siège périlleux", ou treizième siège autour de cette table circulaire, reste vide. On le rapproche de la représentation de Judas, une place dangereuse (ou périlleuse) qui n'est destinée qu'à celui qui aura su prouvé sa véritable valeur. Si un chevalier peu valeureux s'y assoit, la terre s'ouvrira sous ses pieds et le dévorera. On comprend qu'ils n'aient pas envie de se risquer à l'expérience...

Dans cette version, c'est Galaad, fils de Lancelot du Lac, qui y prend place après avoir trouvé le Graal.

Découvrir qui était Lancelot du Lac

le graal dans l'Epée du Roi Arthur spectacle du Puy du Fou

Le Graal, plus qu'une richesse ?

A l'origine, le Graal est un symbole d'immortalité et d'abondance. Il provient des mythologies celtiques qui font de lui un chaudron unique en son genre. On peut le rapprocher de la corne d'abondance dans la mythologie grecque.

Il est mentionné pour la première fois chez Chrétien de Troyes qui souligne la beauté de l'objet et sa richesse. Il le décrit comme incrusté de multiples joyaux, sans jamais donner de détails sur sa forme. Par la suite, le moine Hélinard de Froidmont en fait un "plat large et légèrement profond pour le service à table". C'est après l'évocation du "Saint Graal" par Robert de Boron qu'il en devient un objet sacré ayant été utilisé par Joseph d'Arimathie pour recueillir le sang du Christ après sa crucifixion.

Lorsque le Graal est ramené à Camelot, retrouvé par Galaad ou Perceval en fonction des versions, les enchantements disparaissent. Les pouvoirs de Merlin ne sont plus. Excalibur est remise à la Dame du Lac qui l'emporte sous les eaux profondes. Serait-une victoire de la chrétienté sur les forces du mal ? Si les interprétations sont nombreuses, elles soulignent, encore une fois, les liens intégrés par les auteurs à mesure du temps pour attribuer à divers pans du cycle arthurien des liens avec le christianisme.

Vous l'aurez compris, les chevaliers de la table ronde sont des figures clés de la légende du roi Arthur et des histoires qui y sont rattachées. Parmi toutes ces aventures, on retrouve des personnages parfois plus développés que les autres et dont les intrigues peuvent varier selon les auteurs. Entre exploits, amour courtois et quête du Graal, ce sont des héros qui ont su s'immortaliser à travers les siècles.

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